Lorsque les mouvements sociaux de ces deux dernières années dans le monde arabe ont trouvé dans certains pays une conclusion électorale en faveur de l’islam conservateur et (très) autoritaire, en particulier en Tunisie et en Egypte, on a vu fleurir aussitôt quelques théories à petite portée sur l’entrée de l’espace arabo-musulman dans une ère de «glaciation islamique». Le «printemps arabe» avait fait place à l’«hiver islamiste».
Litanie ennuyeuse comme toute litanie mais devenue sans conteste l’idéologie dominante. Décidément, rien ne réussissait aux «Arabes». A force de s’illusionner sur leur condition de théoricien, un grand nombre d’observateurs (intellectuels, journalistes, hommes politiques, experts, etc.) ont totalement perdu de vue que la politique, en tant qu’instance de production de normes, de valeurs et de principes, se construisait et s’organisait par le «haut» mais aussi (et surtout) par le «bas». Jamais, depuis les années 60, cette aire géopolitique ainsi dénommée «le monde arabe» n’avait autant tremblé dans ses fondements sociaux, culturels, confessionnels et politiques. Il ne s’agit pas de politique-spectacle propre au pouvoir central lorsqu’il déploie son cirque compassionnel ou d’un retour à la fameuse «société civile arabe» : depuis quand celle-ci existe-t-elle en dehors de l’Etat et de ses dispositifs de répression des mœurs et de la liberté d’expression ?
Nous sommes aujourd'hui, de façon quasi expérimentale, en Egypte et dans les trois pays du Maghreb (Ma