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Libération
Récit

En Colombie, une révolte à mains nues

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Alors que les paysans se soulèvent dans tout le pays, la guérilla des Farc se rapproche d’un accord de paix.
publié le 27 août 2013 à 20h26

Une grève «sans magnitude». C'est ainsi que le président libéral Juan Manuel Santos avait qualifié, il y a dix jours, la mobilisation des paysans colombiens qui venait de débuter : les barrages promis n'avaient pas eu d'effet, le gros des agriculteurs étaient restés chez eux. Aujourd'hui, le chef de l'Etat a ravalé ses paroles. Les laissés-pour-compte de la croissance colombienne, cultivateurs de pommes de terre en poncho de laine, éleveurs de vaches laitières, producteurs d'oignons ou de manioc, sont descendus en masse dans les rues, rage au ventre, et ont bloqué une trentaine d'axes aux quatre coins du pays. «Nous sommes ruinés, et le gouvernement nous a abandonnés», justifiait ce week-end un manifestant sur un barrage du Boyacá. Ce département andin d'ordinaire paisible, proche de la capitale, Bogotá, est devenu le théâtre d'affrontements entre la police anti-émeute et les cultivateurs qui, armés de pierres et profitant des pentes escarpées, ont multiplié les descentes sur les routes.

Trêve. Vendredi, plusieurs accès ont été bloqués aux portes de la capitale. La violence des coups échangés - au moins 175 personnes ont été arrêtées - a finalement poussé les manifestants et le pouvoir à rechercher une trêve. Le Président est allé constater lui-même la «magnitude» du mouvement dans le Boyacá, et des négociations avec les paysans des régions les plus touchées ont enfin débuté lundi. Pendant dix jours, les autorit