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Libération
Interview

«La situation économique des Afro-Américains a empiré»

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D’après le chercheur Fredrick C. Harris, la communauté noire a obtenu peu d’avancées de la part du Président, et devrait juger son action plus sévèrement :
publié le 27 août 2013 à 20h26

Professeur à l'université Columbia à New York, directeur du Center on African American Politics and Society, Fredrick C. Harris avait fait sensation juste avant la réélection de Barack Obama, en 2012, avec une tribune dans le New York Times qui dénonçait «le prix d'un Président noir». Dans un livre publié juste avant aux Etats-Unis, The Price of the Ticket : Barack Obama and Rise and Decline of Black Politics, il détaille comment l'élection d'Obama, rendue possible par les combats de Martin Luther King et de tous les autres militants des droits civiques, coûte cher aux Noirs, qui ont mis leurs revendications en sourdine.

Obama a-t-il bien sa place aujourd’hui au Lincoln Memorial pour commémorer Martin Luther King ?

Il est juste que le Président commémore l’un des rassemblements politiques les plus importants de notre histoire. Bien sûr, le docteur King n’aurait sans doute pas approuvé le recours aux drones, les dérives des services secrets… Mais on ne peut pas vraiment comparer leurs rôles : Barack Obama est chef d’Etat. Martin Luther King était un pasteur, qui demandait à ce que l’argent des guerres soit consacré aux plus pauvres. Le problème que je vois surtout est que les militants des droits civiques ne font pas suffisamment pression sur Obama. Les électeurs et les leaders noirs le protègent au lieu de poursuivre les combats de Martin Luther King. Ils confondent symbole et substance.

Vous n’en voulez pas à Obama ?

Pour moi, la question n’est pas tant de savoir ce que le premier président noir fait pour les Noirs, mais plutôt ce que fait le Président pour son électorat le