Pour la première fois en France, une équipe de chercheurs français et étrangers décide d'écrire collectivement une histoire comparée des empires coloniaux, européens, japonais et américain, sous la direction de Pierre Singaravélou (1), déjà coauteur d'un Atlas des empires coloniaux. De nombreux clichés sont ainsi débusqués, ceux de l'historiographie traditionnelle mais aussi ceux des études post-coloniales qui s'inspirent des travaux de l'intellectuel américano-palestinien Edward Saïd (2) et enfin ceux de l'historiographie conservatrice ou néoconservatrice, illustrée aujourd'hui par Niall Ferguson. Ici, l'histoire de la colonisation n'est pas abordée d'un point de vue moral et ne dresse aucun bilan, ni positif ni négatif.
Quels sont les principaux clichés ?
Le premier lieu commun de l'historiographie traditionnelle est celui selon lequel les empires coloniaux auraient été conquis très rapidement et très aisément. Les colonisateurs européens se seraient approprié les quatre cinquièmes de la planète en quelques années. Cette vision des choses a été fortement remise en question par de nombreux travaux depuis ces trente dernières années, qui révèlent que ces conquêtes ont été longues et difficiles. Les populations autochtones ont opposé une forte résistance, parfois victorieuse. Ainsi, pouvait-on lire, dans des manuels d'histoire, que les Britanniques et les Français avaient conquis l'Inde à la fin du XVIIIe siècle et l'Algérie en 1830, alors que le processus d'expansion ne s'achève respectiveme