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Interview

«On ne peut pas renverser Bachar al-Assad»

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Le monde arabe en ébullitiondossier
Didier Billion Directeur adjoint de l’Iris:
publié le 30 août 2013 à 22h36
(mis à jour le 31 août 2013 à 15h20)

Didier Billion est directeur adjoint de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris).

Vous défendez l’idée que les frappes sont inutiles, et même dangereuses…

Oui, complètement. C’est vrai que l’emploi de l’arme chimique pose de graves problèmes : ce n’est pas une arme comme les autres et il y a eu violation des protocoles des conventions. Mais c’est vrai aussi qu’on ne sait rien sur les conditions de cette intervention. On nous dit qu’il faut une réaction forte, mais que ce n’est pas pour abattre le régime. Alors pourquoi faire ? S’agit-il d’une posture, de roulements d’épaules, d’une opération symbolique ? S’agit-il de punir le régime syrien ou de lui faire peur - dans ce cas, je doute qu’on y arrive. Quand nos dirigeants vont-ils nous dire quel est le but de l’opération et quels en sont les objectifs ? Et dans l’hypothèse d’une frappe, que va-t-on frapper ? On ne nous avance aucun argument. Et ces frappes ne posent pas la question de la solution politique.

Pourtant, même Rony Brauman (ancien président de Médecins sans frontières), qui fut hostile aux interventions extérieures, dont celle de l’Otan en Libye, est favorable à cette attaque…

Dire que, parce que Bachar al-Assad a franchi un palier symbolique, on va riposter par des frappes symboliques ne m’a pas convaincu. Et puis, cela me gêne beaucoup que l’on s’affranchisse de l’ONU qui, malgré ses errances, reste le seul dépositaire de la légalité internationale. Ensuite, ces frappes vont ajouter du désordre au désordre dans une société disloquée. Avec des risques que le chaos s’étende aux pays voisins, le régime étant d’un cynisme absolu. Et on ne cherche pas à imaginer quels effets auront les frappes de pays occidentaux sur les peuples du Moyen-Orient, où e