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Libération
Vu d'Istanbul

A Taksim, la protestation se remet en marches

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Après les «hommes debout», les opposants à l’autoritarisme de Recep Tayyip Erdogan se manifestent en peignant des escaliers aux couleurs de l'arc-en-ciel.
publié le 4 septembre 2013 à 20h16

Il y avait les hommes debout, immobiles et muets pendant des heures, au milieu des places pour défier le pouvoir. Il y a maintenant les hommes qui peignent. La résistance civile turque contre l'autoritarisme de Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre islamiste, prend des formes toujours plus inédites. «Nous vivons dans un pays où on ne tolère pas le pluralisme des voix et des couleurs, alors, en réaction, nous avons décidé de peindre en arc-en-ciel les marches des escaliers de notre quartier», explique Zeynep, membre du groupe des peintres populaires de Taksim, quartier d'Istanbul au centre de la révolte, en juin. Un ingénieur retraité de 64 ans, Huseyin Cetinel, a inventé cette forme de protestation le 27 août, en peignant avec des amis les marches d'un escalier montant vers la place Taksim.

Les autorités ont aussitôt réagi. «Nous avons reçu des plaintes des habitants et les équipes responsables ont repeint les escaliers en gris, couleur originale», clame le maire du quartier, Ahmet Misbah Demircan, membre de l'AKP, le parti gouvernemental. Mais la majorité des habitants soutienennt la contestation et les marches ont été peintes à nouveau en arc-en-ciel quelques heures plus tard. L'incident local est devenu, grâce aux réseaux sociaux, un événement national.

Dans plus de 20 villes, d'autres personnes ont suivi l'exemple des peintres de Taksim, selon le quotidien populaire Hurriyet. Le débat s'enflamme dans tous les médias. «Est-ce que ces gens-