Enseignante à l'Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales) et au Ceri-Sciences-Po, Anne de Tinguy analyse le soutien indéfectible de la Russie à Bachar al-Assad et les dernières déclarations de Poutine (lire page 2).
Que veut Moscou ?
Il y a plusieurs causes aux positions prises par les dirigeants russes en Syrie. Que la Russie veuille préserver son influence au Moyen-Orient est un élément qui ne suffit pas à expliquer son soutien à Al-Assad, mais qui joue indéniablement un rôle. Depuis le milieu des années 2000, Vladimir Poutine a pris des initiatives pour relancer l’influence de la Russie dans cette région où l’URSS a longtemps été très présente. Dans ce contexte, la Syrie, qui est un partenaire de longue date, est importante aux yeux de Moscou. La Russie a dans ce pays des intérêts économiques, politiques et stratégiques. Elle considère que Damas est un partenaire utile (notamment en raison de ses liens avec l’Iran) et un marché appréciable. Les achats syriens représentaient, fin 2010, 8% de ses commandes d’armement. Et, depuis deux ans, les livraisons ont continué. Le port de Tartous, où Moscou a des facilités navales, ne joue pas un rôle majeur mais peut constituer un atout à un moment où la Russie considère à nouveau l’outil militaire comme un instrument de puissance. La position de Moscou est par ailleurs liée à ses relations avec les Etats-Unis et l’Union européenne.
Ces relations ont-elles changé ?
Le président russe réagit fortement au fait qu’à son avis la Russie n’est pas considérée