On peut ne pas être convaincu qu'existe un inconscient collectif. Mais la soudaine apparition du mot punir - utilisé aussi par François Hollande - pour traduire l'absolue nécessité d'intervenir par les armes en Syrie est quand même très «significative», comme on le dit d'un lapsus ou d'un acte manqué. Que vient faire un terme appartenant à la morale (bien datée) dans des questions de politique internationale ? Il semble que punire ait été employé par les anciens Romains pour se glorifier d'avoir infligé un châtiment exemplaire à ceux qu'ils nommaient les Puni, c'est-à-dire les Carthaginois.
Sadiques. Ce qui est sûr, c'est que le radical pû renvoie à la purification, de la même manière que le châtiment renvoie à castus, pur. Il s'agit, dans tous les cas, de retrouver la «pureté», d'effacer la faute, le mal commis. Aussi punir signifie provoquer une souffrance (une peine, poena) à une personne ou à un groupe de personnes afin que cette douleur - sorte de pédagogie sensible - les fasse prendre conscience de la faute commise et les incite à «ne pas recommencer», à rester désormais «purs», ou demeurer dans la sphère du bien. Cela fait déjà problème : est-il légitime de «faire mal» à celui qui a mal fait, de le faire souffrir dans son âme et sa chair - des coups de baguette sur les doigts aux sadiques châtiments corporels, jusqu'aux lapidations ? La punition, évidemment, ne «guérit» rien : s