Professeur à l'université du Caire et spécialiste des relations internationales, Hassan Nafaa est éditorialiste pour le quotidien indépendant Al-Masry Al-Youm.
Comment jugez-vous la probable intervention internationale en Syrie ?
Elle n’est pas légitime. Si les Américains et les Français décident de mener une action militaire sans résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, cette guerre s’apparentera à une agression. Pour l’heure, les Américains n’ont pas de preuve que cet horrible crime a été commis par le régime de Bachar al-Assad. Il faudrait attendre les résultats de l’enquête pour savoir ce qui a été utilisé et, ensuite, en mener une nouvelle pour déterminer par qui cela a été utilisé, ce qui n’est pas dans les prérogatives actuelles des enquêteurs. Je pense que les Etats-Unis doivent revoir leur position et privilégier la voie diplomatique.
L’Egypte est opposée à une intervention. Pourquoi ?
Sous [l’ex-président] Mohamed Morsi, l’Egypte a été jusqu’à envoyer des citoyens faire le jihad en Syrie. Cette période est révolue. Aujourd’hui, la position égyptienne est réservée, mais très claire : la priorité est de retrouver une stabilité intérieure et de favoriser une solution négociée. Les autorités savent qu’en cas d’intervention, il y a un vrai risque d’embrasement régional. Le régime syrien, le Hezbollah [libanais] ou l’Iran pourraient riposter, entraînant une réaction israélienne. Cette région est une poudrière et, en plus d’un conflit entre Etats, cela pourrait tourner à une guerre généralisée, entre sunnites et chiites par exemple.
La prudence du Caire ne risque-t-elle pas de froisser l’Arabie Saoudite, nouvel allié du régime égyptien ?
L’Egypte a besoin de l’argent saoudien et