Salam Kawakibi est directeur adjoint de l’Arab Reform Initiative, un laboratoire d’idées qui regroupe 16 centres de recherches arabes et occidentaux travaillant depuis 2005 sur la réforme politique dans les pays arabes. Il explique l’impact que pourrait avoir l’intervention dans la région.
La Ligue arabe est très divisée sur la Syrie. Qu’en est-il des populations ?
Dans le camp du «refus», je peux distinguer plusieurs catégories : d’abord, une partie de la gauche arabe prisonnière de ses dogmes. Toujours prête à des compromis avec les dictateurs, corrompue matériellement et intellectuellement, elle a laissé pourrir des milliers de communistes dans les geôles des tyrans sous prétexte d’une «résistance» imaginée ou d’un «anti-impérialisme» tronqué. La spoliation par ces régimes des économies et l’établissement d’une fracture sociale profonde échappe à leur «éthique» militante. Leur voyeurisme pervers à observer, dans un silence complice, la mort des Syriens par milliers est devenu banal.
Ensuite, une partie des islamistes qui n’ont jamais réussi à développer une vision de leurs relations avec l’autre, exception faite de la confrontation ou de la pacification. La construction commune d’un univers partagé échappe à leurs dogmes.
La troisième catégorie est celle des nationalistes faussement démocrates qui profitent de la situation afin de reprendre le refrain éternel sur un complot occidental contre la «nation arabe». Ainsi, ils prétendent que les pressions sur Damas