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Libération
Reportage

A Beyrouth, les ados syriens triment pour faire vivre leur famille

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Profitant de la crise humanitaire, certains commerçants embauchent des enfants.
publié le 8 septembre 2013 à 19h36

Le geste est précis, rapide. Ahmad saisit une brosse à dent fatiguée, la trempe dans de l’eau savonnée, puis nettoie énergiquement la botte. Il étale du cirage sur une petite éponge et frotte plusieurs fois la chaussure, avant de la polir avec une crème blanche. Cette fois, le client laisse 1 000 livres libanaises (0,50 euro), mais Ahmad travaille souvent pour moitié moins. Haut comme trois pommes, le garçon de 10 ans reprend sa boîte en bois sous le bras, et continue d’arpenter la rue Hamra, à Beyrouth.

«Urgence». Comme lui, ils sont des dizaines d'enfants syriens à avoir envahi ces derniers mois la grande artère commerciale de la capitale libanaise. «Je travaille pour aider à nourrir ma famille. Mon père travaille de temps en temps comme plombier, mais ça ne suffit pas», raconte Ahmad, débarqué de Deraa il y a six mois. Sa famille débourse 300 dollars pour un logement minuscule dans la banlieue sud de Beyrouth, et il y a six bouches à nourrir. «Les bons jours, je fais 10 dollars. Je donne tout l'argent à mon père, et je garde 1 dollar pour m'acheter des biscuits», explique Ahmad. Les enfants de Hamra sont aussi vendeurs de roses, de chewing-gum, de colliers de fleurs de gardénias. De plus en plus fouillent les poubelles à la recherche d'aluminium ou de plastique, qu'ils revendent pour une poignée de dollars. «Tous les Syriens ne sont pas à leur compte. Des hommes les amènent en minibus chaque matin et les reprennen