Un pont sur les flots gris de la rivière Mutha, dans la ville de Pune. Attachée à la balustrade, derrière quelques fleurs éparses et des bougies éteintes, une petite affiche : «On peut tuer un homme mais on ne peut pas tuer ses idées.» C'est à cet endroit que le docteur Narendra Dabholkar, 67 ans, est tombé sous les balles de deux tueurs à moto, le 20 août, lors de sa promenade matinale. Un crime froid, prémédité, contre un grand penseur rationaliste, qui menait campagne depuis vingt-cinq ans pour éradiquer les superstitions et l'intolérance religieuse. Le lendemain, Pune était en deuil, ses commerces fermés et les rues désertes.
«C'était un révolutionnaire, murmure Deepak Girme, très ému. Un homme comme lui est irremplaçable.» Collègue et ami de Dabholkar, Deepak militait avec lui au sein de son Comité pour l'éradication de la superstition (CES), fondé en 1989. L'association lutte contre la «foi aveugle» et vient en aide aux victimes de faux guérisseurs de tout poil, des escrocs qui exploitent, sous un vernis religieux, la crédulité populaire et se livrent parfois à des rituels humiliants, dangereux, voire mortels.
«Poissons». «Nous avons traité des cas de personnes ayant subi des cérémonies d'exorcisme. Bien évidemment, cela n'a pas marché, il s'agissait de problèmes mentaux qui ne pouvaient être guéris que par un psychiatre. Nous avons aussi fait expulser de la ville un charlatan qui faisait aval