Une longue file de camions-citernes et de porte-conteneurs. Plus on approche de Kerem Shalom, le seul point de passage israélien par lequel les marchandises sont autorisées à pénétrer dans la bande de Gaza, et plus les véhicules sont nombreux, à l’arrêt, sous un soleil de plomb. Les chauffeurs, parmi lesquels beaucoup d’Arabes israéliens, prennent leur mal en patience comme ils peuvent, car les procédures de contrôle sont appliquées à la lettre et Tsahal (l’armée) a encore renforcé ses mesures de sécurité. Certains sirotent un épais café noir, d’autres jouent au trictrac (une sorte de backgammon) en grillant du mauvais tabac.
«J'ai des cousins de l'autre côté, affirme Mahmoud, un conducteur de Baaka-el-Garbiya (Israël) qui livre du café soluble à un grossiste gazaoui depuis 2010. Au téléphone, ils disent que leur vie devient très difficile et que les coupures de courant durent parfois toute la journée. Ils n'osent plus rien mettre dans le frigo de peur de devoir jeter le peu de nourriture qu'ils peuvent encore se payer.»
Tacite. De fait, la situation des Gazaouis s'est fortement dégradée depuis la chute du président égyptien, Mohamed Morsi. A tort ou à raison, les nouveaux dirigeants égyptiens accusent le Hamas de Gaza, qui passe pour l'une des branches des Frères musulmans, d'avoir accordé l'asile à des cadres de la confrérie recherchés par les autorités du Caire. Ils soupçonnent également des combattants de l'organisati