Le procès très singulier de six interrogateurs employés par la police interne du parti communiste s’est ouvert mardi à Quzhou, une petite ville de la côte chinoise. Les six officiels sont accusés d’avoir tué Yu Qiyi, ingénieur-en-chef d’une entreprise d’Etat âgé de 42 ans, à qui ils infligeaient le supplice de la baignoire. Il aurait suffoqué alors qu’on lui maintenait la tête dans une cuvette d’eau glacée dans un centre de détention secret du PC chinois.
La torture physique et les pressions psychologiques sont pratique courante dans ces sites extra-judiciaires baptisés «Shuanggui» (littéralement «double soumission»). Destinés à faire passer aux aveux les membres du parti soupçonnés de malversations, ils seraient au nombre de plusieurs centaines à travers le pays, selon des experts. «Dans les années 90, les interrogatoires se déroulaient dans des chambres d'hôtel, mais maintenant le parti a fait construire des sites spécialisés», précise le professeur de droit He Jiahong. Souvent situés dans les banlieues, et d'apparence anodine de l'extérieur, ces geôles sont en rez-de-chaussé, afin d'éviter que les accusés ne se défenestrent. Pour les mêmes raisons, les murs des cellules sont matelassés. Cette police parallèle, placée sous les ordres de la Commission de contrôle de la discipline du parti, agit dans une opacité quasi totale.
Hommes de paille
Si, pour la première fois, un pan du rideau se lève sur ses méthodes d’action, c’est grâce à Wu Qian, l’ex-épouse de l’ingénieur Yu Qiyi. Celle-