L'ascenseur indique 77 mètres. Au dernier étage de la centrale à charbon de Jänschwalde, la chaleur est étouffante. En bas, les fours crament 800 tonnes de lignite à l'heure pour nourrir le réseau électrique allemand. De ce sauna de fer exploité par le géant suédois Vattenfall, on nous conduit au frais, sur un petit balcon extérieur. «Vous voyez, aujourd'hui, il n'y a pas de soleil, pas de vent.» Thoralf Schirmer, porte-parole du groupe, pointe du doigt la dizaine d'éoliennes plantées à quelques kilomètres au sud. Six appartiennent à la firme scandinave. Une seule fonctionne. Vers l'est, juste avant la frontière polonaise, de gros engins ratissent la terre sur des centaines d'hectares pour extraire d'une mine à ciel ouvert ce charbon brun qui fait la gloire du poumon énergétique de l'ex-RDA : la ville de Cottbus et sa région, la Lusace. «Les énergies renouvelables ne peuvent produire seules ce dont le pays a besoin, conclut Schirmer. Sans charbon, la transition énergétique en Allemagne ne peut pas fonctionner.»
Le discours est rodé : les centrales à charbon sont «flexibles» et permettent, tant qu'«on ne saura pas stocker l'énergie» solaire ou éolienne, de maintenir «la stabilité du réseau». Le lignite est vendu comme un «pont indispensable» pour remplir les objectifs fixés en 2011 par le gouvernement d'Angela Merkel après Fukushima : arrêt définitif du nucléaire en 2022, réduction d'un quart de la consommation d'é