A26 ans, cet ingénieur alsacien est sur un nuage. Avant même la fin de ses études, Mercedes lui offrait un CDI à son siège de Stuttgart. «La Mecque du génie mécanique ! Tous les meilleurs équipementiers automobiles sont là», rayonne Laurent Eeckeleers. Tandis que les constructeurs français s'enfoncent dans le marasme, le gotha de la voiture allemande lui a déroulé le tapis rouge. En pleine forme, ces marques ne trouvent plus assez de jeunes diplômés sur leur sol, à cause de la chute de la natalité. Entre Porsche et Mercedes, le Français a opté pour le second. Bilingue, il cherchait «un poste où parler le français soit un avantage». L'alliance conclue en 2010 entre Mercedes et Renault-Nissan tombait à pic : Laurent Eeckeleers a été recruté pour travailler au développement des petits moteurs diesel qui vont équiper la nouvelle Classe C. Depuis trois ans, il goûte aux joies d'être salarié d'un groupe industriel allemand, «un eldorado». «Pour un coût de la vie 10 à 15% plus bas qu'en France, je gagne 2 800 euros net par mois, soit 10 à 20% de plus que ce que je gagnerais en France. La durée légale du travail est de 35 heures, mais je bosse 40 heures, payées 40. Au-delà, mes heures sup sont rattrapées en congés.»
Après une période de modération salariale, les syndicats ont remis la pression : IG Metall décroche tous les ans des augmentations bien supérieures à l'inflation. Autre satisfaction : «Ici, le prestige de l'école dont tu sors ne veu