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Libération
4/8 Le défi européen

Vu de Berlin, une Union de raison

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Intraitable lors de la crise de l’euro, la chancelière Merkel a surtout dû composer avec les institutions et l’opinion allemande. Sans jamais chercher à imposer de vision.
par Jean Quatremer, Correspondant à Bruxelles
publié le 19 septembre 2013 à 20h16

A nouveau, comme c’est le cas depuis 2009, l’avenir de l’euro se joue en Allemagne, non pas à Berlin cette fois, mais à Karlsruhe, le siège du Tribunal constitutionnel. Les seize juges décideront dans les prochaines semaines si le programme - qui n’a pas encore été utilisé - de rachat illimité de titres souverains («OMT») par la Banque centrale européenne (BCE) est ou non conforme à la Loi fondamentale allemande. Or c’est son annonce par Mario Draghi, le président de la BCE, en juillet 2012, qui a mis fin à la crise de la zone euro. Autant dire qu’une décision négative condamnerait l’euro. Le gouvernement allemand bataille donc ferme pour que la Cour suprême donne son feu vert ou au moins renvoie l’affaire devant la Cour de justice européenne. Coup dur supplémentaire pour l’actuelle chancelière, Angela Merkel : la Bundesbank, l’institution la plus respectée outre-Rhin, qui plus est présidée par Jens Weidmann, son ancien conseiller économique, est dans le camp des adversaires les plus résolus à ce programme : pour lui, le traité de Maastricht interdit qu’on aide financièrement les Etats de la zone euro en difficulté.

«Ficelée». Cette affaire illustre bien toutes les difficultés qu'a dû affronter Merkel dans sa gestion de la crise de la zone euro, où elle semble avoir joué comme à plaisir le rôle de «Madame non» : non au sauvetage des pays en difficultés, non à la solidarité financière, non à tout assouplissement des règles budgétaires. La