A la grande loterie du destin, la petite Naomi-Exaucée n'a peut-être pas tiré le meilleur numéro : née il y a deux mois à Bangui, capitale de la République centrafricaine, un pays enclavé au cœur du continent noir, surtout réputé pour ses coups d'Etat à répétition et ses dictateurs, dont le plus fantasque, Jean-Bedel Bokassa, s'était même fait proclamer empereur. Fin mars, le pouvoir a de nouveau changé de main à Bangui, à la faveur de la conquête éclair d'une rébellion hétéroclite, la Séléka («l'alliance»), qui a renversé François Bozizé, lui aussi arrivé au pouvoir par la force en 2003. Corrompu et autoritaire, Bozizé n'a pas laissé que de bons souvenirs. Mais six mois après cette transition forcée qui a offert le pouvoir à un nouveau président, Michel Djotodia, issu de la rébellion, la situation reste «volatile» aux yeux d'une communauté internationale de plus en plus inquiète. La nuit, les rues de Bangui se vident par peur des pillages et des braquages menés par des hommes armés parfois difficiles à identifier.
Le week-end des 7 et 8 septembre, la tension est montée d'un cran lorsqu'un groupe se revendiquant de l'ancien président Bozizé a attaqué plusieurs localités dans le nord-ouest du pays, exécutant froidement des musulmans, avec la volonté manifeste de susciter une guerre de religion dans un Etat majoritairement chrétien (70% de la population) où les communautés ont pourtant toujours vécu en bonne entente. Ex-puissance coloniale, toujours impliquée dans un t