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Libération
Décryptage

La justice turque recondamne Fazil Say au silence

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publié le 20 septembre 2013 à 21h26

Une cour d'Istanbul a confirmé vendredi la condamnation à dix mois de prison avec sursis du célèbre pianiste Fazil Say pour «insultes aux valeurs religieuses». Un premier verdict similaire, cassé à cause d'un vice de procédure, avait déjà suscité d'amples protestations.

Que signifie ce jugement ?

C'est une décision avant tout politique, alors même que l'AKP (le parti néo-islamiste au pouvoir depuis 2002) venait d'être ébranlé par les trois semaines de contestation au printemps sur la place Taksim. C'est lourd, dix mois, même avec sursis, pour avoir insulté «la religion de la majorité de la population»dans quelques tweets raillant l'obscurantisme de l'islam avec des vers d'Omar Khayyam, grand poète persan du XIe siècle et inlassable pourfendeur des hypocrisies de la religion. La condamnation est assortie d'une mise à l'épreuve de deux ans et reste donc comme une épée de Damoclès au-dessus du pianiste, le condamnant à un quasi-silence public sur les questions de religion, comme c'était déjà le cas depuis l'ouverture de cette procédure judiciaire.

Pourquoi est-il visé ?

La plainte initiale a été déposé par trois particuliers s'estimant «blessés» par ses tweet blasphématoires, mais nul ne doute que le pouvoir est derrière. «Ils veulent me faire croire en Dieu en me faisant passer un an et demi en prison», ironisait volontiers le pianiste et compositeur renommé q