Le portail d’entrée, dépourvu du moindre signe de reconnaissance, se dresse au bout d’une route muette bordée de champs de maïs et de platanes disgracieux. La prison de Qincheng est située dans les collines du nord de Pékin. C’est là que, depuis un demi-siècle, sont enfermés les hauts responsables du Parti en disgrâce, les grands mandarins condamnés pour corruption et les victimes de purges internes, la plus célèbre étant Jiang Qing, la veuve de Mao, décédée en 1991.
Bo Xilai, l'ex-homme fort de Chongqing condamné dimanche à la prison à perpétuité pour corruption et détournements de fonds, échouera sans doute lui aussi dans ce discret établissement réservé à l'élite pour y purger sa peine. «Tous les officiels de niveau ministériel et au-dessus sont envoyés à Qincheng, et Bo ne devrait pas faire exception», présume un avocat. Bo Yibo, le propre père de Bo Xilai persécuté par Mao, passa plusieurs années dans cette même prison durant la Révolution culturelle (1966-1976). A cette époque, les conditions de détention étaient exécrables et la torture s'y pratiquait couramment.
Sofas. Mais, dès la fin des années 70, Qincheng redevint l'établissement qu'il avait toujours été : une prison de luxe - en tout cas comparée au système carcéral chinois dans son ensemble. Construite en 1958 sous la direction d'experts soviétiques, Qincheng se distingue