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Décryptage

Les Bangladais en lutte pour un salaire à 80 euros

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Des grévistes appellent d'autres ouvriers à les rejoindre, devant un atelier textile, à Dacca, le 23 septembre 2013. (Photo Andrew Biraj. Reuters)
publié le 23 septembre 2013 à 20h16
(mis à jour le 24 septembre 2013 à 10h28)

Le secteur du textile au Bangladesh, qui emploie 3,6 millions de personnes, est en pleine ébullition depuis trois jours, avec des manifestations parfois violentes regroupant des dizaines de milliers d’ouvriers qui réclament des augmentations de salaire. La police a usé de balles en caoutchouc pour disperser les points de blocage sur les routes, mais plus d’une centaine d’usines, sur les 5 000 que compte le deuxième exportateur mondial, ont été momentanément fermées.

Que veulent les ouvriers ?

Ils travaillent depuis 2010 pour un salaire de base mensuel de 30 euros, qu'ils avaient obtenu après des mois de mobilisation. Ils réclament désormais une forte augmentation afin de s'extirper de la grande pauvreté, soit 80 euros par mois. Mais les patrons refusent : ils veulent bien passer à 36 euros, mais pas plus, proposition que les syndicats rejettent en la qualifiant d'«inhumaine et humiliante». Le gouvernement est impuissant : le groupe de travail qu'il a mis en place depuis juin sur le sujet peine à dégager un compromis. D'où l'agitation.

Le Bangladesh est-il toujours «compétitif»?

Les patrons du secteur soutiennent qu’accepter des hausses de salaires rendrait l’industrie du textile moins attrayante pour les acheteurs occidentaux, déjà rebutés par les catastrophes comme celle du Rana Plaza, l’immeuble regroupant cinq usines textiles dont l’effondrement a fait 1 130 morts en avril. Une étude du cabinet McKinsey, qui sera dévoilée aujourd’hui à Shanghai, démontre pourtant le contraire. Selon les responsables d’achat de grandes marques interrog