L'usage des gaz toxiques le 21 août dans la banlieue de Damas a sans doute marqué un tournant dans la guerre civile qui ravage depuis deux ans la Syrie. Le seuil de l'intolérable a été franchi et plus qu'un crime de guerre, un crime contre l'humanité a été perpétré, la convention de Paris de 1993 sur l'interdiction de l'utilisation des armes chimiques, ratifiée par 189 Etats a été violée. Si le droit international a un sens, un crime de cette ampleur doit être sanctionné sévèrement. En principe par l'ONU, qui incarne la légalité internationale. Malheureusement, pour des raisons tenant à la composition et au mode de fonctionnement du Conseil de sécurité ou au nom du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat souverain, l'ONU est restée impuissante face aux grandes tragédies des dernières décennies comme les génocides perpétrés au Cambodge et au Rwanda, les campagnes génocidaires de Saddam Hussein en Irak ou le calvaire de la Bosnie. Les Cambodgiens, les Rwandais, les Kurdes irakiens et les Kosovars doivent, sinon leur survie, du moins leur liberté à des interventions militaires extérieures décidées en dehors de tout mandat de l'ONU. Le rappel de l'exemple irakien me semble pertinent pour mieux comprendre le processus en cours en Syrie. Le discours d'Al-Assad sur la nécessité d'extermination des «terroristes» nous rappelle celui du tyran de Bagdad sur les Kurdes, «traîtres à la patrie à éliminer».
L’Irak a eu recours aux armes chimiques