Spécialiste de la corne de l'Afrique, Sonia Le Gouriellec analyse la stratégie des shebab somaliens, qui ont revendiqué l'attaque de Nairobi. Né dans les années 2000, ce mouvement résulte de la fusion de plusieurs groupes islamistes somaliens. Il a rapidement gagné du terrain jusqu'à contrôler, à partir de 2009, une partie de la capitale, Mogadiscio, ainsi qu'une partie du sud et du centre. Son nom signifie «jeunes» en arabe (al-Shabaab, en référence à leur recrutement auprès de la jeunesse).
Comment expliquer la prise d'otages du centre commercial de Westgate alors que les shebab ont subi de nombreux revers en Somalie récemment?
Les shebab ont perdu le contrôle de Mogadiscio, la capitale de la Somalie, en 2011, ainsi que celui de plusieurs villes importantes du sud du pays face aux troupes de la force africaine (Amisom) et des forces armées kényanes. Par ailleurs, ils sont victimes d'incessantes querelles internes. Leur affaiblissement est réel. Alors que le jihad local s'essouffle, ils ont sans doute trouvé un autre moyen d'action en portant la terreur dans un pays voisin. Mais soyons prudents: ce n'est pas la première fois qu'on les dit durablement affaiblis et qu'ils redressent la tête. Tous les jours, ou presque, ils sont à l'origine d'incidents à Mogadiscio. En septembre, ils ont même visé le convoi du président somalien. N'oublions pas qu'al-Shebab est la seule organisation liée à Al-Qaeda qui contrôle un pan de territoire.
Bénéficient-ils du soutien d'une partie de la population en Somalie?
Ils administrent et contr