Le président réformateur Mohammad Khatami avait un sourire franc, chaleureux, au point qu’il fut surnommé «le Mollah qui sourit». Celui de Mahmoud Ahmadinejad relevait tantôt de la grimace crispée, tantôt de l’illumination. Celui de Hassan Rohani est à la fois charmeur et matois ; perce aussi une impression rusée dans le regard. Pendant ses deux mandats (1997-2005), le premier, au départ très ambitieux, n’a pas fait grand-chose sur la voie des réformes. Le second, au pouvoir de 2005 à 2013, a précipité l’Iran au fond du gouffre, avec une économie sinistrée et un isolement diplomatique grandissant, provoqué par ses outrances verbales. Exerçant le pouvoir depuis moins de deux mois, Rohani a déjà témoigné d’une lucidité sans précédent sur la situation désastreuse que connaît son pays et décrispé les relations avec les pays occidentaux et arabes : il y a désormais un avant et un après Rohani.
«Pragmatiques». Le mandat de Rohani commence sur une énigme. Son élection, acquise avec une confortable majorité, relève-t-elle du choix personnel du Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a la haute main sur les questions stratégiques et est également le gardien du potentiel révolutionnaire de l'Iran ? Ou s'est-elle faite malgré lui, voire contre lui ? Les experts sont partagés. Pour certains, il est difficile d'imaginer que le Guide ait pu cautionner un candidat qui a promis pendant sa campagne de libérer les prisonniers politiques et avait le so