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Libération
Reportage

A Höf-Präbach, la chute de l’empire austro-villageois

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Les législatives de dimanche s’annoncent tendues dans les localités rurales de Styrie, où la population se sent abandonnée par les «gros bonnets» viennois.
publié le 27 septembre 2013 à 23h24
(mis à jour le 28 septembre 2013 à 8h49)

Johann Taucher, 43 ans et déjà grand-père, est un arboriculteur comblé. Avec une récolte annuelle de plus de 100 tonnes de pommes, il distille son eau-de-vie, presse du jus et écume les marchés de Styrie, la grande région agricole et boisée, frontalière de la Slovénie et de la Hongrie, qui a vu naître Arnold Schwarzenegger. Sur des kilomètres de champs impeccablement alignés, des courges reposent à même la terre. Leurs pépins, rôtis, seront pressés à froid, afin d'en extraire une huile à la robe d'un vert profond, consommée traditionnellement pour rehausser le velouté au potimarron. A Höf-Präbach, 80% des 1 500 habitants sont des fermiers. «Mon père m'a transmis l'exploitation en même temps que la mairie et ma carte au parti ÖVP», ironise Johann Taucher. Aux législatives de 2008, la formation conservatrice chrétienne a recueilli 85% des suffrages ici.

En Autriche, le monde paysan fournit toujours le gros des troupes de l'ÖVP : 700 000 militants. Un chiffre édifiant, lorsque l'on sait qu'en Allemagne, l'Union chrétienne-démocrate d'Angela Merkel ne peut compter «que» sur 500 000 encartés. Cette petite armée est au service des ministres et des députés du parti, chargés de défendre les taux de subvention agricole «là-bas, à la ville», au sein de la coalition gouvernementale. «C'est grâce aux gens comme nous que les conservateurs chrétiens dirigent le pays sans interruption depuis 1987», rappelle Johann Taucher. Höf-Präbach est conforme à l'image d'Epin