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Libération
Reportage

«Si j’avais été musulman, on ne m’aurait pas attaqué»

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Alors que Bangui a annoncé le désarmement des rebelles nordistes de la Séléka, six mois après leur prise de la capitale, «l’arrière-pays» redoute toujours les violences, notamment religieuses, sur fond de confusion administrative et de dénuement.
publié le 27 septembre 2013 à 23h24

Le commissariat central de Bangui est un endroit animé. La cour est envahie de jeunes hommes en treillis qui parlent fort et portent leur kalachnikov avec la désinvolture de chasseurs de papillons. C’est juste au-dessus de ce joyeux désordre, au premier étage, qu’on trouve les «généraux» : les chefs de la Séléka, la rébellion qui a fait tomber la capitale centrafricaine en mars.

«Salam aleykoum !» lance avec bonne humeur un homme au teint plutôt clair, le visage orné d'une fine barbe poivre et sel. Lui, c'est Moussah Assimeh, «le général de tous les généraux», annonce le fils du chef de guerre qui lui sert de traducteur. Car le généralissime ne parle qu'arabe. Certains de ses frères d'armes semblent plus à l'aise dans la langue de l'ancien colonisateur. Comme le général Arda Akouma, qui ne peut s'empêcher de s'esclaffer quand les questions posées au «général de tous les généraux» lui semblent trop audacieuses. Il ne faut pas chercher bien loin : le général Moussah élude les questions sur son passé de militaire, concède juste qu'il est «né loin de Bangui, dans le nord-ouest, à Birao», à proximité de la frontière soudanaise. Pour la première fois depuis l'indépendance en Centrafrique, le pouvoir a été conquis par des chefs de guerre venus du Nord musulman. «L'objectif, désormais, c'est le désarmement. Comme dit l'adage, l'armée n'est pas une armoire», fait savoir le général Moussah, qui affectionne les dictons. Comprendre : on ne peu