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Libération
EDITORIAL

Vase clos

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publié le 28 septembre 2013 à 0h56

Il y a trois semaines encore, la communauté internationale était suspendue aux menaces de frappes occidentales sur la Syrie. On pouvait s'en réjouir ou le déplorer, au moins le monde entier avait les yeux braqués sur la tragédie syrienne. C'était il y a un siècle. Depuis, l'actualité s'est déplacée dans les chancelleries, la tension internationale est retombée, et les diplomates concentrent l'essentiel de leurs efforts sur l'arsenal chimique syrien, pour le plus grand bonheur de Bachar al-Assad redevenu un interlocuteur avec qui il faut compter. Un décalage inouï avec le terrain, où, armes chimiques ou pas, la situation continue de se dégrader, comme en témoigne cet attentat à la voiture piégée qui, vendredi, a fait trente morts dans la région de Damas. Le drame, c'est que la vie des Syriens se déroule désormais en vase clos. A moins d'être cornaqué par le régime, plus aucun journaliste étranger ne peut pénétrer dans le pays sous peine d'être aussitôt pris en otage par un des multiples groupes mafieux ou jihadistes qui, désormais, se partagent une partie du territoire avec une rébellion fragilisée. D'où l'intérêt du reportage que nous publions au long dans ce numéro. Pour Libération, Hala Kodmani, journaliste syrienne réfugiée en France, s'est coiffée d'un foulard et mêlée à celles et ceux qui prenaient le minibus pour la ville de Raqqa, où elle a partagé le quotidien des habitants, leurs frayeurs mais aussi ces menus plaisirs arrachés à la litanie des horreurs. Un