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Libération
Reportage

Ville rebelle, Raqqa brûle-t-elle ?

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Le monde arabe en ébullitiondossier
Notre envoyée spéciale a sillonné Raqqa, ville syrienne «libérée», aux mains des islamistes depuis six mois.
Un portrait de Bachar al-Assad à Raqqa. (photo Mohamed Abdelaziz pour «Libération»)
publié le 28 septembre 2013 à 0h56
(mis à jour le 28 septembre 2013 à 9h26)

Ils sont bien là. A l'entrée nord de Raqqa, ils ont planté leur drapeau noir sur le portique qui enjambe la route et signé «l'Etat islamique en Irak et au Levant». Quatre ninjas (on ne voit que leurs yeux par les trous de leur cagoule noire) en pantalon de treillis, kalachnikov à la main, arrêtent le minibus. «Vos cartes d'identité, jeunes gens !» dit l'un d'entre eux en ouvrant la portière coulissante du véhicule. Dix hommes, dont le chauffeur, s'exécutent et tendent leur carte plastifiée tandis que les quatre passagères ne réagissent pas. Les jihadistes ignorent les femmes au point de ne pas les voir et encore moins de vouloir contrôler leurs papiers. Il suffit de porter un foulard bien serré autour de la tête, comme toutes les femmes de la région, pour savourer cette inexistence.

Mieux vaut ne pas être repérée comme journaliste venant de l’étranger par ces hommes d’un groupe lié à Al-Qaeda, dont le feuilleton de terreur est suivi à travers le monde. Ce sont eux qui auraient enlevé le père jésuite Paolo Dall’Oglio il y a trois mois, ici, dans leur bastion de Raqqa, où ont aussi disparu plusieurs reporters européens et des centaines d’activistes syriens. Eux qui ont signé la prise de la ville, en mai, par l’exécution de trois hommes, fusillés sur la place publique.

Bouffons masqués

Le contrôle dure moins de trois minutes. Même pas le temps d’un frisson devant ces bouffons masqués plus mystérieux qu’effrayants. Le minibus blanc roule en direction du centre-ville, grouillant d’activité