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grand angle

Chili. Au nom des pères

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Deux femmes s’affrontent pour la présidentielle : Michelle Bachelet, fille d’un partisan de Salvador Allende mort dans les geôles de Pinochet, et Evelyn Matthei, dont le père fut membre de la junte militaire. Quarante ans après, le coup d’Etat marque toujours la vie politique du pays.
publié le 30 septembre 2013 à 18h06

Evelyn Matthei, pimpante et décontractée. Michelle Bachelet, le regard embué par les larmes, les lèvres plissées de chagrin. Ces images des deux candidates à la présidentielle du 17 novembre auront certainement marqué les commémorations du coup d’Etat du 11 septembre 1973. Dans leur histoire familiale aussi bien que politique, cette date éveille des échos radicalement différents.

Il y a tout juste quarante ans, les forces armées conduites par Augusto Pinochet renversaient le président socialiste Salvador Allende et, avec lui, la démocratie, plongeant le pays dans une dictature soutenue par la droite, persécutant la gauche, et qui, en dix-sept ans (1973-1990), fit plus de 3 200 tués ou disparus, 38 000 victimes de torture et 200 000 exilés, soit, à l’époque, 2% de la population chilienne. Aujourd’hui, elle continue de diviser le monde politique, la société et les deux candidates en lice, qui ont pourtant de nombreux points communs.

Evelyn Matthei, ancienne ministre du Travail sous l'actuel gouvernement, a été deux fois députée et sénatrice. Militante de l'Union démocrate indépendante (UDI), le parti le plus à droite du pays, elle a 59 ans, deux ans de moins que Michelle Bachelet, qui a été présidente socialiste entre 2006 et 2010. Toutes deux ont fait des études supérieures à une époque où les filles n'y accédaient que rarement. La première est devenue économiste, la seconde médecin. Matthei est d'origine allemande, Bachelet d'origine française, elles sont toutes deux blondes d