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Interview

«On peut imaginer un repli des Frères sur le conservatisme»

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Pour le chercheur à Sciences-Po Stéphane Lacroix, la répression subie par la confrérie est la plus dure depuis l’époque de Nasser :
publié le 30 septembre 2013 à 20h16

Stéphane Lacroix est spécialiste de l’islam politique et professeur à Sciences-Po. Selon lui, la répression que subissent les Frères musulmans pourrait les conduire à un repli idéologique.

Quelle est la stratégie des Frères musulmans face à la répression ?

Je ne suis pas sûr qu'ils aient réellement une stratégie. Avec la poursuite de leurs manifestations, ils sont dans une sorte de fuite en avant. Le discours officiel n'a pas changé d'un iota depuis trois mois : rejet du coup d'Etat et réaffirmation de la légitimité de Mohamed Morsi. Cette fuite en avant est entretenue par le fait que la confrérie est décapitée. C'est une organisation très hiérarchique, où les décisions se prennent d'en haut. Or, les leaders capables de prendre des décisions sont en prison. On voit donc émerger des initiatives prises par des responsables de second rang, tels Amr Darrag [responsable des relations internationales du Parti de la liberté et de la justice, ndlr] ou Mohamed Ali Bishr [membre du bureau de la guidance des Frères musulmans]. Peut-être qu'eux, de leur côté, discutent avec les autorités. Même s'ils ne peuvent pas l'admettre et même s'ils n'ont peut-être pas de réel mandat de la confrérie.

Quels sont les scénarios possibles ?

Le pouvoir peut choisir ouvertement la voie de l’éradication. Les «éradicateurs», ceux qui veulent éliminer une fois pour toutes les Frères musulmans - ce que Gamal Abdel Nasser n’a jamais réussi à faire - prendraient alors l’ascendant au sein des nouvelles autorités et la répression s’intensifierait encore jusqu’à ce que des dizaines de milliers de pe