Présenté comme un «pas historique de la démocratisation», l'ensemble de réformes annoncé lundi par le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, est contesté par l'opposition et les Kurdes.
Qu’est-ce que le «paquet démocratique» ?
Du changement du nom d’une université à l’autorisation du port du foulard islamique dans l’espace public pour les fonctionnaires, le «paquet» de réformes annoncé par Erdogan concerne d’abord la liberté de religion et de croyance… mais en premier lieu pour la majorité sunnite. Il prévoit aussi l’abolition du serment prononcé chaque début de semaine par les élèves du primaire, commençant par un «je suis turc» à la connotation très nationaliste. Les lettres «x», «w» ou «q», qui étaient interdites parce qu’ignorées en turc et caractéristiques de la langue kurde, seront désormais libres d’utilisation. Il sera aussi possible de rendre leurs noms originaux (en majorité arméniens, grecs ou kurdes) à des villages d’Anatolie.
Mais les questions de fond et les sujets les plus sensibles ont été éludés. L’annulation du seuil de 10% des voix pour entrer au Parlement, revendiquée par tous les partis à l’exception de l’AKP (au pouvoir depuis 2002), est promise mais ne sera pas mise en application dans l’immédiat. Surtout, les Kurdes - 15 millions des 76 millions de citoyens turcs - n’obtiennent pas ce qu’ils voulaient dans ce texte qui évoque uniquement le droit à un enseignement privé dans leur langue.