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Libé des géographes

La cyberpuissance par le contrôle des échanges

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Pékin prône un Internet souverain, mais dans lequel les Etats gardent un pouvoir de censure.
Lors du lancement d'une marque d'ordinateurs chinois, le 24 novembre 1999. (Photo Andrew Wong. Reuters)
par Frédérick Douzet, Professeure à l’Institut français de géopolitique titulaire de la chaire Castex de cyberstratégie
publié le 3 octobre 2013 à 19h36
(mis à jour le 4 octobre 2013 à 11h33)

La Chine s’est lancée tardivement dans le développement d’Internet, mais la réflexion stratégique s’est amorcée d’entrée, censure oblige. Il en allait de la survie du régime, qui a su se montrer particulièrement créatif pour s’adapter à chaque nouveau défi technique comme à la croissance exponentielle du nombre d’utilisateurs, passé de 137 millions à 538 millions en six ans. Technologie de pointe développée par les entreprises étrangères attirées par une économie mirifique, vieilles pratiques d’oppression politique (intimidation, collaboration forcée, délation, surveillance à l’aide d’une cyberpatrouille, répression), arsenal juridique et propagande, le régime a usé de tous les moyens pour contrôler le contenu et surtout, depuis l’avènement des réseaux sociaux, museler l’opposition collective.

Espionnage. Plus généralement, la maîtrise de l'information est une priorité pour le gouvernement dont la stratégie consiste à recueillir, par des voies légales ou illégales, de l'information de haut niveau scientifique, technologique, économique mais aussi politique et stratégique (veille, intelligence, intrusions informatiques, espionnage).

Sur le plan militaire, le maître mot est «informationisation», une conception stratégique de l’information qui se trouve au cœur de tous les supports de la puissance et s’inscrit dans la modernisation de l’armée, amorcée sous Jiang Zemin. Elle s’accompagne d’une stratégie de domination informationelle, qui vise