Rome, Hambourg puis Copenhague. Quelques minutes avant le départ du train stationné en gare de Catane, la grande cité de la Sicile orientale, Mhammad tente de se faire traduire en arabe les noms des prochaines villes étapes de son improbable périple vers le nord de l'Europe. Dans la chaleur automnale, un policier italien assiste avec une visible compassion à la montée précipitée dans les wagons de l'épouse syrienne, de noir vêtue, et des cinq enfants, le plus jeune âgé d'un mois seulement. A 46 ans, l'ancien chauffeur de taxi de Damas en survêtement beige fait partie de ces milliers de réfugiés débarqués sur la côte est de l'île italienne pour fuir le chaos syrien. «J'ai décidé de prendre le risque de partir parce qu'on n'en pouvait plus. Nos maisons ont été bombardées et les milices ont de plus en plus recours à la violence envers les civils. Nous sommes convaincus que le régime ne cédera jamais et que la situation ne peut que dégénérer.»
Depuis le début de l’année, les garde-côtes italiens ont recensé plus de 74 débarquements autour de Syracuse et de Catane et assisté près de 9 000 personnes, contre un millier en 2012. Mercredi, les marins italiens ont encore secouru environ 700 personnes, dont de nombreux enfants, à bord de trois embarcations différentes.
Inédit. Dans son bureau de la capitainerie du port de Syracuse, le commandant Luca Sancilio parle d'un «phénomène totalement inédit» : «Depuis juin, ce sont presq