Le procès d’un groupe de 35 personnes accusées de violences liées à la contestation provoquée par la hausse des prix des carburants au Soudan s’est ouvert jeudi à Khartoum. Qualifiés de «criminels» par le gouvernement, ils seraient surtout «visés parce qu’ils sont membres de groupes d’opposition, ou militants», indique Amnesty International. Au tribunal de Haj Youssef, un quartier défavorisé de Khartoum, on compte, parmi les 35 accusés, huit jeunes de 17 ans et cinq Sud-Soudanais retenus pour «destructions et tapages», ce qui pourrait leur valoir entre trois et sept ans de prison. Le verdict est attendu dimanche.
Depuis le 23 septembre, des manifestations se forment quotidiennement contre la politique d'austérité du président soudanais Omar el-Béchir. «Assassin», scandent les manifestants. Déclenché par une levée de subventions sur les carburants qui a fait bondir leurs prix de 60%, le mouvement de protestation subit une répression féroce, qui aurait déjà fait 200 morts selon la Fédération internationale des droits de l'homme, dont certains touchés par balles à la tête et à la poitrine. Un bilan officiel fait état de 34 morts. Selon un responsable de l'ONG, contacté par RFI, «il semblerait que des policiers ou des agents de l'Etat aient arrêté un certain nombre de personnes et les aient exécutées sommairement. Ça révèle une certaine forme de radicalisation de cette répression. Ce qui laisse à penser qu'on est dans une volonté, de la part du pouvoir soudanais, de contrôler à tout prix une situation qui demeure de plus en plus incontrôlable pour eux.»
Contexte politique et économique chancelant
Le Soudan, l'un des pays les plus pauvres de la planète, ne se remet pas de la partition avec le Soudan du Sud en 2011. Khartoum a perdu une grande partie de la production pétrolière et donc d'importantes sources de revenus. La livre soudanaise a perdu près de la moitié de sa valeur au marché noir et le pays peine à financer ses importations. Le contexte politique est également