Daté du 20 juillet 2012, un document broché de 80 pages d'Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), trouvé conjointement à la mi-février par RFI et Libération à Tombouctou, permet d'embrasser d'une seule vue les activités du groupe terroriste. Celui-ci visait à créer un Etat islamique dans le nord du Mali en s'évertuant à dissimuler le caractère jihadiste propre au projet de l'Azawad, l'Etat touareg.
Ce qui saute aux yeux, à la lecture de ce texte, c'est le primat du politique sur le religieux, mais aussi le manque d'autorité d'Abdelmalek Droukdel - la tête du comité des chefs d'Aqmi - sur ses propres troupes qui, peu à peu, s'affranchissent des consignes données. Droukdel, 42 ans, dont vingt de maquis, passé par le Groupe islamique armé (GIA) et le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien, «donne l'impression d'avoir intégré les fondamentaux marxistes-léninistes : conquérir la base, les cœurs, les esprits. Très marxiste-léniniste aussi dans cette façon de ne pas vouloir apparaître en première ligne et de laisser le devant de la scène à Ansar ed-Dine et au Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) en les abusant et en leur faisant miroiter des ministères subalternes», explique un universitaire arabisant qui a lu le document dans son intégralité pour Libération.
Ce texte à la rhétorique classique est composé d'un volet politique et d'un important volet religieux, notamment consacré aux excommunications (décapitation