Le document que nous dévoilons ici, en exclusivité avec RFI, est exceptionnel. Non pas pour ce qu'il révèle du but que s'était fixé Aqmi avant l'intervention française (créer un Etat islamique dans le nord du Mali), mais pour ce qu'il raconte des moyens que s'était donnés l'organisation pour y parvenir et de la mutation qu'elle aurait opérée. C'est la première fois que l'on dispose ainsi d'éléments tangibles prouvant qu'Aqmi fonctionnait - et fonctionne sans doute encore - avec une vraie autonomie de pensée. Ce ne serait pas uniquement un groupe d'illettrés vivant de rançons, de trafics d'armes et de drogue, mais aussi une organisation structurée capable de bâtir un vrai projet politique et de se projeter sur le moyen et le long terme. A ce titre, la lecture du document découvert à Tombouctou (à lire sur notre site et sur celui de RFI) est glaçante. On y voit une volonté de «conquérir les esprits et les cœurs» par tous les moyens, y compris ceux de la «flexibilité» et du compromis. L'idée est de ne plus être dans la nuisance mais bien de se doter des structures d'un «Etat» islamique intégrant tous les acteurs de la région. Glaçant car raisonné, pragmatique et inscrit dans le temps. Le projet jihadiste est ainsi comparé à un «bébé» appelé à grandir pour affronter un jour ses ennemis «d'homme à homme». Ce serait risible si l'on ignorait qu'Aqmi est certes affaibli par l'opération Serval mais toujours là, en sommeil. Et que, pire, cette polit
EDITORIAL
Glaçant
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La feuille de route d'Aqmi au Malidossier
publié le 6 octobre 2013 à 21h26
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