Hasard? Chance? Flair? En route vers Tombouctou, Nicolas Champeaux, envoyé spécial de RFI, et moi-même, décidons de mutualiser nos forces et nos infos. Le 17 février, nous rentrons dans les locaux saccagés de l’ORTM (Office de radiodiffusion télévision du Mali) qui abritaient la «commission presse» d’Ansar ed-Dine, habilitée à délivrer les autorisations de travail aux deux journalistes locaux bloqués sur zone et qui donneront malgré tout des infos en échappant à ce comité de censure. Dans le bâtiment, des feuilles volantes et des cahiers à colorier mis en pièces représentant le Christ et les apôtres. Sur un mur, les horaires de cours de religion donnés aux nouvelles recrues jihadistes.
Puis, sous une couche de feuilles, dans une pièce labourée par les pas, ce bloc épais, broché. Plus tard, mise en commun de la pêche du jour dans une chambre d’hôtel. Tri sélectif du fatras récupéré à genoux. L’intérêt se fixe sur le document broché. Un traducteur trouvé quelques heures plus tard donnera le premier les grandes lignes de ce document qui pourrait devenir le pain des chercheurs sur les groupes jihadistes.
Mais voilà, pendant trois mois, le document est resté sous globe. Puis il a fallu le traduire, l'analyser, le faire expertiser, les rédacteurs qui l'avaient trouvé ont été appelés dans des missions. Très vite, s'est posée la question de l'authenticité du document. Et s'il s'agissait d'un faux ? Les nombreux experts que nous avons consultés, y compris sécuritaires, concordent, tout