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Libération
Récit

Vietnam : Giap, l’assaut final

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Le général, qui a sonné le glas de l’Indochine en écrasant l’armée française à Dien Bien Phu en 1954, est mort vendredi à 102 ans. Passionné de Marx et Napoléon, devenu compagnon d’Ho Chi Minh, il avait un sens de la stratégie admiré même par ses ennemis.
publié le 6 octobre 2013 à 18h06

Le général vietnamien Vo Nguyen Giap aurait aimé donner des cours aux officiers français. Imagine-t-on le fossoyeur de l’Indochine française reconverti en pédagogue à l’Ecole militaire ? Le projet, on s’en doute, n’a jamais vu le jour…

Giap, mort vendredi à Hanoi à 102 ans, est entré dans la légende en 1954. Héros national et père militaire de l'indépendance du pays, il a vaincu les armées de la France coloniale avant d'embourber la machine de guerre américaine au Vietnam et de la faire battre en retraite en 1975. Et cela, sans aucun diplôme de stratège : «La seule académie que j'ai fréquentée, c'est le maquis.» Il s'attire le respect du patron des forces américaines au Vietnam entre 1964 et 1968 : «C'était un soldat remarquable», concéda un jour le général William Westmoreland, ajoutant toutefois : «Un commandant américain, victime de pertes comparables à celles de Giap, aurait été relevé de ses fonctions.»

Sans moyens, il a bâti une armée qui a conquis de haute lutte l'indépendance du pays en 1945, avant la réunification officielle trente et un an plus tard. «Derrière chaque victoire, on retrouvait Giap, qui était la force motrice du Parti communiste, écrit Cecil B. Currey dans une biographie «non autorisée» (1). Ses états de service sont sans précédent, ses résultats extraordinaires. […] C'est peut-être le seul génie militaire du XXe siècle et l'un des plus grands de tous les temps.»

«Détaché au plan émotionnel»

Spécialiste de l'histoire militaire