Alors que la Grèce découvre le vrai visage d’Aube dorée, Georges Sefertzis, analyste de la vie politique, revient sur les conditions de l’émergence de ce parti néonazi et les conséquences des révélations actuelles.
Comment expliquer le succès d’un parti ouvertement nazi en Grèce ?
Dans l’histoire contemporaine de ce pays, c’est bien la première fois qu’un parti fasciste, d’inspiration nazie, réussit à s’appuyer sur de véritables bases populaires. Ni la dictature de Ioánnis Metaxas (1936-1941) ni la junte des Colonels (1967-1974) n’avaient su créer une telle assise. Pourtant, ce n’est pas l’idéologie extrémiste et raciste qui a permis l’incroyable essor d’Aube dorée, mais son discours radicalement antisystème. Hors de Grèce, il est difficile d’imaginer l’ampleur du rejet de la classe politique actuelle qui existait avant même la crise économique, mais qui s’exprime depuis avec une violence inouïe. Au départ, c’est la gauche radicale de Syriza qui semblait devoir en profiter, mais après son succès aux élections de 2012, Syriza a semblé s’intégrer au système et s’est assagi.
Aube dorée va, au contraire, continuer à capitaliser sur le refus du système : de 7% aux élections de 2012, les intentions de vote vont passer à 15% en un an. C’est d’abord un vote négatif, pour punir les partis traditionnels. Mais le plus inquiétant reste le succès d’Aube dorée auprès des jeunes. Ce n’est pas un hasard : véritable génération sacrifiée, la jeunesse grecque paye le plus lourd tribut de la crise. Mais cette génération née après la chute de la dictature de 1974