Les faits sont là, probants, indéniables, mais rien n’y fait. Souvent défendue, encore plus souvent acceptée comme évidente, l’idée qu’un «hiver islamiste» aurait succédé au «printemps arabe» s’est enracinée dans les esprits alors même que tout vient démentir cette totale et pernicieuse stupidité.
Prenons la Tunisie. «Tout est fichu. Ils ne rendront pas le pouvoir avant des décennies», disaient bien des Tunisiens et encore plus d’Occidentaux après que les élections législatives eurent fait d’Ennahda le premier parti de ce pays. Cette crainte était forte. C’est là que la théorie de l’hiver a commencé à se répandre mais, deux ans plus tard, où en est Ennahda, «renaissance» en français ? Alors même que ce parti détient une majorité parlementaire grâce à l’appui des deux formations laïques avec lesquelles il s’est allié, les islamistes ne sont jamais parvenus à faire entrer dans le projet de Constitution le moindre article d’inspiration religieuse. Malgré leurs divisions, les laïques de gauche et de droite ont toujours su les en empêcher car, femmes en tête, une société civile s’est organisée et affirmée dans une mobilisation permanente et des manifestations de masse. Ennahda s’est trouvé confronté à une opposition dont les rangs n’ont cessé de s’élargir et, plus déstabilisant encore pour les islamistes, leurs propres partisans se sont détournés d’eux en nombre toujours plus grand. Mois après mois, la base d’Ennahda s’est inexorablement réduite car les petits fonctionnaires et pe