«Une tentative de coup d'Etat.» Le Premier ministre libyen, Ali Zeidan, a reconnu vendredi que son enlèvement, durant quelques heures la veille, n'avait rien d'un incident mineur. Dénonçant un «acte criminel et terroriste», il a accusé ses commanditaires de vouloir «pousser le pays vers le chaos», visant, sans les nommer, les responsables du Parti de la justice et la construction (PJC), la branche politique des Frères musulmans. Mais, plus encore qu'une lutte politique qui aurait dégénéré, ce nouvel incident expose encore une fois la faiblesse de l'Etat. Près de deux ans après la mort de Kadhafi, le gouvernement n'incarne toujours pas le pouvoir central mais reste au contraire soumis à la loi des groupes formés d'ex-rebelles.
Dérive. Les deux brigades responsables du rapt du Premier ministre dépendent officiellement du ministère de l'Intérieur. La première, la Cellule opérationnelle des révolutionnaires de Libye, dirigée par l'ex-jihadiste Abou Obeida al-Zawi, est en charge de la surveillance de Tripoli, la capitale, et plus particulièrement des abords du Congrès général national. La seconde, la brigade anticrime, s'est fait connaître dans la lutte contre le trafic de drogue.
Comment ces deux groupes censés obéir au gouvernement ont-ils pu kidnapper le Premier ministre ? Cette dérive tient avant tout à la manière dont les nouvelles autorités ont tenté de former un Etat dans les mois qui ont suivi la mort de Muamm