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Libération
TRIBUNE

A quoi sert une journée de l’alimentation ?

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publié le 14 octobre 2013 à 18h06

Imaginons le regard que pourrait porter, en 2100, un historien sur l’alimentation de 2013. Une malnutrition avec deux versions : «Trop peu» dans des pays du Sud et des populations pauvres au Nord, et «Trop, beaucoup trop» dans les pays du Nord, quelques îlots et groupes sociaux dans les pays du Sud. Notre historien montrerait que l’abondance alimentaire n’a pas été maîtrisée. Les mécanismes de marché et de solidarité n’ont pas donné l’accès pour tous à la nourriture. En même temps, 4 milliards d’habitants ont une alimentation suffisante qui, globalement, leur plaît, leur permet de ne pas penser aux subsistances, de faire des fêtes avec des excès. Quatre milliards ! Du jamais vu dans l’histoire.

Cette abondance qui a donné tort à Malthus n'est pas le fruit du hasard. Elle vient d'une recherche obstinée pour ne pas être pris dans une crise par surprise. Partout dans le monde, l'abondance s'est bâtie sur un socle céréalier. La domestication du blé et de l'orge à l'est de la Syrie actuelle il y a 7 500 ans, selon l'archéobotaniste George Willcox, a été un big bang alimentaire. L'homme, frugivore de nature, et pas encore carnivore à l'époque, confie progressivement aux céréales le soin d'assurer sa sécurité. Cinq d'entre elles s'imposent sur des aires culturelles non reliées : le blé et l'orge autour de la Méditerranée, le riz en Chine, le maïs en Amérique centrale et les millets au Sahel. Comment ces céréales prennent-elles cette place alors que les récoltes ne sont pas