Rassoul, le trafiquant libanais, cherche à épouser une seconde femme. Il se sent devenir vieux, fatigué et la dizaine d'années qu'il a passées dans les terribles geôles de Damas, à l'époque où l'armée syrienne occupait le Liban, ont fragilisé sa santé. Alors, confie-t-il, une autre épouse s'impose pour lui permettre de se régénérer. Ce père de 12 enfants, proche des Frères musulmans, parle de sa vie privée, mais ne dit pas ce qui l'occupe auprès de la rébellion syrienne. S'il en est très proche, elle lui permet aussi de faire de bonnes affaires, comme le montre bien la seconde Mercedes qui vient de rejoindre la première dans son garage de la banlieue de Tripoli, la grande métropole du Nord-Liban. Son flingue, ses voitures sans plaque d'immatriculation, ses convocations par la police ne laissent guère de doute sur la nature de ses activités. D'autant qu'il confie «avoir marié [ses] filles à des trafiquants d'armes».
Abou Jamal, un commandant rebelle syrien, est de passage à Tripoli pour y rencontrer Rassoul. Il est le frère du chef de la katiba (brigade) Ibad al-Rahman, une unité qui opère dans la région de Homs. Lui vient de prendre une autre femme. Et cette question des avantages que procure une seconde épouse occupe aussi les discussions des deux hommes, qui déjeunent dans un restaurant de la grande ville du Nord-Liban.
Frappes. Abou Jamal, la trentaine vieillie par une épaisse barbe noire, vêtu d'une chemise blanche très chic e