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Analyse

Déferlement raciste sur un marché de Moscou

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Le meurtre d’un jeune homme par un criminel supposément originaire du Caucase est à l’origine de l’accès de fureur xénophobe de dimanche.
Des hommes hurlant des slogans racistes à Biryulyovo, à Moscou, dimanche 13 octobre 2013. (Photo Maxim Shemetov. Reuters)
publié le 14 octobre 2013 à 19h56

En criant «La Russie aux Russes !» et «Nous sommes russes, nous sommes chez nous !» quelques centaines de militants nationalistes ont semé la pagaille dans le sud de Moscou, dimanche soir. A l'origine, les habitants de Birioulovo s'étaient donné rendez-vous en fin d'après-midi à un coin de rue pour protester contre l'assassinat d'un jeune homme de 25 ans, Egor Cherbakov, poignardé jeudi sous les yeux de sa petite amie. Le criminel, toujours introuvable, serait un homme d'origine caucasienne. Cette supposition a suffi pour mettre le feu aux poudres dans un quartier mal famé où les migrants, légaux et illégaux, sont en surnombre, concentrés essentiellement autour de l'un des plus grands entrepôts de légumes d'Europe.

Après un dialogue de sourds avec les autorités du quartier, la foule de près de 3 000 personnes a marché vers un centre commercial, puis un marché de gros. Si les casseurs étaient en minorité, les riverains semblaient solidaires de leurs actions, y compris quand les jeunes gens encapuchonnés se sont violemment confrontés à la police.

«Abcès». Pour les habitants de Birioulovo, les immigrés sont responsables de tous les maux, de l'insécurité à l'insalubrité. Cette xénophobie «ordinaire» se nourrit également d'un sentiment d'injustice : beaucoup de riverains sont convaincus que la police est à la solde des mafias ethniques, qu'elle ferme les yeux sur leurs activités illicites tandis que les tribunaux relâchent san