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TRIBUNE

Madagascar : qui sont les barbares ?

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Suite au lynchage à mort de deux Européens et d’un Malgache, se pose sur l’île le problème central du tourisme sexuel qui nourrit une haine anti-Blancs.
par Cyrille Le Déaut, attaché culturel
publié le 14 octobre 2013 à 12h17

Il y a une dizaine de jours, au nord de Madagascar, dans l’île de Nosy-Be, deux Européens et un Malgache ont été accusés d’avoir mutilé un enfant. Après un procès sommaire, ils ont été suppliciés puis jetés dans un brasier par une foule en furie. Dans cette histoire, la barbarie se mêle aux délires les plus divers (trafic d’organes, meurtre rituel, pédophilie). Les arrestations qui s’en sont suivies devraient ramener le calme. Pour autant, il sera difficile d’établir la vérité tant la défiance des ethnies du Nord vis-à-vis du pouvoir central et des Merina qui dominent l’Etat et l’institution judiciaire est plus vive que jamais. Nosy-Be, l’île aux parfums, n’était jusque-là que le symbole d’un exotisme largement fantasmé. Par-delà les fragrances d’ylang-ylang et la vision idyllique de ses plages de sable fin, l’île offre aussi un aspect moins reluisant : un gigantesque bordel à ciel ouvert où tout est achetable, y compris les corps d’adolescentes. Dès le début de la saison touristique, des cohortes de jeunes femmes se transforment en oiseaux migrateurs ; elles rejoignent les stations balnéaires de l’île. Certaines deviennent les concubines officielles de quelques Européens tropicalisés qui tuent leur désœuvrement à grand renfort de r