Peut-on faire rire sur le viol ? Postée mi-septembre sur le Web, une vidéo d'un collectif comique indien, les All India Bakchod (AIB), mettant en scène deux actrices de Bollywood, s'attaque à ce sujet glissant. Le clip, en anglais et vu plus de 2,5 millions de fois sur YouTube, tourne en dérision non pas le viol mais les explications passéistes qui font de la femme violée une victime qui l'a bien cherché. En Inde, où les viols sont fréquents, la «culture du viol» a fait irruption dans le débat public après le viol collectif subi par une étudiante fin 2012 à New Delhi.
«Mesdames, vous pensez que les hommes violent par désir de contrôle ? Qu'ils sont mus par des siècles de patriarcat ? Vous avez clairement été induites en erreur par l'idée que les femmes seraient aussi des êtres humains. Ouvrons les yeux. Le viol, c'est de votre faute.» Et les jolies actrices souriantes de détailler, à partir de commentaires de politiciens ou de phrases souvent entendues, pourquoi les femmes sont responsables des viols qu'elles subissent : elles portent des jupes (mais la burqa n'est pas conseillée non plus), elles donnent naissance aux hommes (donc à des violeurs), elles travaillent tard le soir (alors qu'elles pourraient être femmes au foyer et se faire violer par leur mari), elles regardent des films de Bollywood (et s'habillent comme les actrices en minijupes), elles cuisinent des nouilles asiatiques (qui, c'est bien connu, causent des troubles hormonaux), elle téléphonent sur leur