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portrait

Yehuda Shaul. Le soldat-témoin

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Religieux, cet officier israélien recueille les témoignages des soldats dénonçant les actions de Tsahal dans les Territoires.
publié le 14 octobre 2013 à 18h06

On peut croire en Dieu et ne pas s’attendre à ce qu’il règle tous les problèmes. On peut décider que la morale, finalement, est bien une affaire terrestre. Et même personnelle. Et puis passer à l’action. Avec son allure de juif ultra-orthodoxe un peu rond, la chemisette, la barbe et la kippa, Yehuda Shaul n’a pas le look d’un révolutionnaire. Ni d’un militant gauchiste. Il ne parle pas avec exaltation, il ne fait pas de théorie, il ne débite pas de discours inutiles. Comme les vrais courageux, il est modeste. Il essaie seulement de se battre pour d’autres, les Palestiniens des Territoires occupés. Pour leurs droits à l’égalité, la justice et la dignité. Et aussi, dans un même et unique combat, il se bat pour son pays, Israël, pour qu’il ne sombre pas dans la folie sécuritaire et l’apartheid.

A 30 ans, on a l'impression qu'il porte des siècles sur ses épaules. Se battre contre les humiliations, les spoliations, les assassinats… c'est lourd. Shaul a fondé et dirige Breaking the Silence, l'organisation qui recueille et publie les terribles témoignages des soldats de Tsahal chargés du «contrôle» des Palestiniens de Cisjordanie (mais plus de Gaza depuis que les Israéliens se sont retirés en 2005). Récits publiés aujourd'hui en France dans le Livre noir de l'occupation israélienne. Briser le silence, à commencer par le sien.

Longtemps Shaul a cru qu'il serait le good guy, le type moral qui fait son service pour «changer l'armée de l'intérieur», éviter le p