Huit cent cinquante mille personnes ont pris part, le 7 octobre à Jérusalem, aux funérailles du grand rabbin Ovadia Yossef, enterrement qui n’était pas du tout prévu comme une cérémonie nationale et s’est déroulé, en fait, quelques heures après son décès, comme l’exige l’interdit religieux d’usage à Jérusalem de ne pas retarder l’inhumation du défunt au-delà de la journée de sa disparition. En d’autres termes, une mise au tombeau sans délai et sans préparatifs particuliers a réussi à rassembler spontanément un nombre record de participants de manière inédite en Israël. Des ashkénazes et des orientaux (mais peu de laïcs) venus honorer pour son ultime voyage une personnalité passant pour une sommité de la Torah.
Il faut savoir que plus de la moitié des habitants juifs de Jérusalem sont religieux ou traditionalistes, et il est donc très aisé d’y mobiliser un nombre aussi conséquent d’endeuillés. Si le grand rabbin Ovadia Yossef était décédé et avait été enterré à Tel-Aviv, il est raisonnable de penser que la foule aurait été moins nombreuse. En outre, on ne saurait oublier que pour des jeunes étudiants des yéchivot (les écoles talmudiques), les funérailles d’un rabbin célèbre et éminent représentent une manière de happening. En l’absence de concerts de rock ou de manifestations sportives de masse, qui servent usuellement de rites extatiques à leurs contemporains laïcs, un enterrement aussi impressionnant incarne non seulement un commandement pour ces jeunes religieux mais une so