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Interview

«Il y a une véritable justice parallèle en Turquie»

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L'avocat Metin Feyzioglu décrit une répression accrue et des libertés mises à mal dans le pays malgré les réformes menées depuis dix ans.
publié le 16 octobre 2013 à 8h21

Président de l’union des barreaux de Turquie, Metin Feyzioglu combat depuis des années en première ligne pour une certaine idée de l’Etat de droit. Lors de l’ouverture de l’année judiciaire 2013-2014, il a rappelé dans son discours le refus du pluralisme par la majorité islamo-conservatrice au pouvoir et dressé un constat très critique de l’état réel des libertés dans le pays. Il revient sur ces thèmes dans une interview à

Libération.

Candidate à l’Union européenne, la Turquie détient néanmoins le triste record en matière d'avocats et de journalistes emprisonnés. Pourquoi ?

A en croire le gouvernement Erdogan, il n'y a ni journalistes (il y en aurait au moins 76, ndlr), ni avocats, ni maires, ni syndicalistes en prison, mais seulement des personnes accusées de terrorisme. Or elles le sont pour des écrits ou des activités directement liées à leur profession. L'actuelle législation antiterroriste est liberticide. Elle a été en partie changée cette année afin de mieux différencier ce qui relève du délit d'opinion de celui de participation à une organisation terroriste, mais malgré cela la définition reste très floue et continue de permettre tous les abus.

Il y a aujourd’hui encore dans les prisons turques au moins 8 000 personnes – militaires accusés de complot, militants de la cause kurde, activistes d’extrême gauche, etc.– jugées au titre de cette législation par les cours pénales à compétences spéciales qui sont en charge des crimes les plus graves, terrorisme ou crime organisé. Elles représentent une véritable justice parallèle menant ses propres procédures, où les accusés sont considérés comme des