Menu
Libération
Décryptage

Le Kosovo, un autre enfer pour les Roms

Article réservé aux abonnés
Léonarda : la gauche et les expulsionsdossier
Plutôt que d'être expulsés de France, les Roms kosovars devraient bénéficier d'une protection internationale.
publié le 17 octobre 2013 à 14h01
(mis à jour le 17 octobre 2013 à 14h12)

A l'heure où le cas de Léonarda Dibrani, jeune rom expulsée vers le Kosovo, embarrasse le gouvernement français, il est bon de rappeler quelques vérités historiques. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : il y avait 100 000 Roms au Kosovo avant l’intervention de l’Otan en 1999. Ils ne sont plus aujourd’hui que 30 000. Chômage et discrimination sont leur lot quotidien. S’il est vrai que le chômage est un fléau qu’ils partagent avec la population majoritairement albanaise du Kosovo (45% en 2011), ce taux passe à 97% quand il s’agit de la seule population rom.

Peuple sans Etat, et minorité honnie, les Roms sont divisés en trois communautés : les Ashkalis et les Gypsies (ou «Egyptiens», suivant une théorie qui leur donne une origine égyptienne), islamisés pendant l'empire ottoman et albanophones, et les Tsiganes, musulmans ou chrétiens orthodoxes et serbophones. Tous sont les grands perdants de l’indépendance de cette ancienne province serbe, proclamée en 2008 et reconnue par 21 des 28 Etats membres de l’Union européenne. De retour au Kosovo avec les troupes de l’Otan en juin 1999, les Kosovars albanais chassés par l’armée de Slobodan Milosevic en mars 1999 se sont montrés impitoyables avec les minorités. Plus encore qu’avec les Serbes qu’ils ont repoussés au nord de la région.

A Pristina, la capitale, au centre, à Mitrovica, au nord et dans d’autres villes et bourgades, les quartiers tsiganes ont brûlé pendant des jours sous l’œil indifférent des soldats occidentaux. On les a accusés